Du polar - François Guerif
Auteur : François
Dans ce livre d'entretiens conduits par Philippe Blanchet, François Guérif retrace son parcours professionnel en faisant partager au lecteur sa passion pour l'univers du polar. Grand amateur de cinéma et de films noirs c'est tout petit que François Guérif a vu naître en lui la fibre du polar. Ses premières lectures dans les collections Rouge et Or ou Le Signe de piste, L'île aux trésor ou Gaston Leroux constituent les amorces d'une histoire qu'aujourd'hui au travers de cet ouvrage il entreprend de transmettre. La genèse du roman noir est alors revisitée sous forme de relances de Philippe Blanchet. On y croise les grands maîtres américains que sont pour Guérif Dashiell Ammett, Chandler, Goodis et Jim Thompson. Guérif explique les raisons du talent de l'un, les facteurs qui le conduisent à aduler l'autre. A propos de Thompson il insiste sur sa particularité qui fait de lui l'un des meilleurs : « Thompson décrit une descente dans les tréfonds de l'âme humaine comme personne n'avait osé le faire avant lui. C'est-à-dire que le personnage de The killer inside me, par exemple, c'est un flic, un bon citoyen et un tueur. Un être double, dans une certaine mesure comme nous tous. »
Puis au fil de l'entretien, la discussion glisse sur le polar français. François Guérif revient sur l'immense talent et l'extrême simplicité de Léo Malet. Il nous cite des ouvrages à découvrir ou à revoir impérativement. Nous papillonnons ainsi de pépite en pépite avec Georges Siménon, Albert Simonin, Jean-Patrick Manchette, Pierre Siniac et bien d'autres. Guérif explique l'association des concepts de polar et de roman de gare, il revient sur les problématiques de traduction des romans américains et donne des explication passionnantes sur les directives que fixaient alors les maisons d'édition.
Tout au long de cette discussion, François Guérif illustre ses propos d'anecdotes vécues avec les auteurs. Il y a sa rencontre très forte avec James Ellroy, l'impact de celui-ci sur Rivage Noir, une virée avec Robin Cook qui se voit refuser la chambre d'hôtel car son allure effraie l'hôtelier, et bien d'autres encore. Car en couchant sur le papier ses souvenirs et ses expériences, c'est une véritable boite de Pandore du polar que cet inconditionnel a ouvert. Ce livre est addictif, et bien que sans suspens aucun, je m'y suis accroché aussi sûrement qu'à l'un des multiples polars que j'ai dévoré dernièrement. C'est effrayant car j'en ressors avec une multitude d'ouvrages à découvrir... du No Beast no Fierce de l'ex taulard Bunker à Dernière nuit à Montréal d'Emily Saint John Mandell, sans oublier de revisiter Manchette et Léo Malet. L'été sera long.