Presqu'îles regroupe trente trois récits. 33 comme le département de la Gironde où ces histoires se déroulent, et plus particulièrement dans le Médoc, ce triangle célèbre coincé entre fleuve et mer, constitué de bois, de landes, recouvrant ce qui autrefois accueillait d'immenses marais. Car le lecteur comprend rapidement qu'on ne lui parlera pas du Médoc des châteaux, des grands crus et des stations balnéaires, de ces privilégiés qui ont vu sur mer. Il s'agit dans ces récits du Médoc de gens normaux, des petites gens, des vous et moi localisés en Gironde, pour lesquels la pêche, la chasse, la cueillette des champignons et les apéros entre copains et voisins constituent les ponctuations du quotidien.

Avec les habitants du cru, où les ronces et les arbousiers nous griffent les mollets, on castagne en boîte de nuit, on chasse les bons plans, on s'entraide et on se dénigre, on s'aime et on se déteste en même temps, on repère le premier noyé de la saison, puis le dernier, on protège son coin à champignons.

Ukraine, entre 2014 et 2018 c'est la guerre. La Russie s'est emparée de la Crimée, ou la Crimée s'est jetée dans les bras de la Russie, c'est une histoire de point de vue. Le Donbass veut suivre. Enfin ce n'est pas si simple. Alors que les bourgeois, les notables et les citadins de Kiev se tournent vers l'Union Européenne, les habitants du Donbass, les gueux de l'Est se jettent dans les bras du grand frère russe pour chercher un refuge. Car cette région fut riche d'exploitations de charbon et produisait en son temps plus d'acier que la Ruhr. Et le rêve d'un présent douillet et rassurant s'est écroulé, lorsque certains oligarques se sont partagés un gateaux, ne laissant que quelques pauvrers miètes à une masse ouvrière en passe de se transformer en sous prolétariat.

Dans ce contexte conflictuel, Henrik, colonel de police enquête sur la mort d'un jeune garçon, Sacha Zourabov, 6 ans. Nous sommes en 2018, à Avdiivka, ville de 30 000 habitants qui se situe sur la ligne de front, où s'affrontent les troupes urkrainiennes et les rebels soutenus par des milices russes, voire directement l'armée russe elle-même.

Algérie, décembre 1991, le FIS, Front Islamique du Salut, arrive largement en tête des élections législatives. En janvier les militaires interrompent le processus électoral et s'emparent du pouvoir. Dans ce contexte trouble, où une guerre civile atroce se propage dans tout le pays, le lieutenant Tedj Benlazar, agent de la DGSE, collabore avec l'état algérien. Mais ses homologues le prenant pour un idiot utile ont décidé de le balader tout comme leurs chefs baladent l'état major français.

Quelle est la pire des tares pour Mc Cash ? Etre un ex-flic ? Etre borgne? Etre le rejeton mal aimé d'un Irlandais et d'une bretonne ? Ou découvrir au décès d'un ex qu'il devient subitement père et responsable d'une adoescente dont il ne sait que faire pendant les grandes vacances ?

Et ça tombe mal, car sa fille se transforme en boulet lorsqu'à la disparition en mer d'un de ses potes, Mc Cash s'entête à réfuter l'évidence du naufrage et se précipite à la poursuite de gros ennuis, qui risquent de lui coûter cher.

Entre sa dernière aventure au Chili, avec Condor, et son prochain ouvrage qui nous emmènera en Colombie, Caryl Ferey revient sur ses terres bretonnes, mais ne peut s'empêcher de nous balader jusqu'en Grêce. Il nous y fait partager les sacrifices et souffrances des migrants cherchants à gagner un eldorado sublimé.

Il existe encore quelques librairies à New-York. Celle tenue par Annie O’Neill ne se distingue pas des autres par une fréquentation importante. Les quelques clients qui témoignent d’une assiduité régulière semblent marqués du même sceau de marginalité qu’Annie. Celle-ci a réussi à à peine trente ans à s’isoler de la plupart de ses congénères, excepté Sullivan, son voisin de palier, alcoolique au dernier degré, avec lequel elle partage quelques précieux moments d’amitié sincère.

Lorsqu’un inconnu de 70 ans nommé Forester débarque dans la librairie en montrant à Annie une lettre de son père, décédé il y a plus de vingt ans, celle-ci est d’autant plus bouleversée que le vieillard délivre à la libraire le premier chapitre du manuscrit d’un roman inachevé. Forester et Annie conviennent de se revoir chaque lundi à la librairie, où il sera délivré un nouveau chapitre du récit, qui se révèle être hyper addictif, décrivant les tribulations d’un jeune homme sorti de l’horreur de Dachau, pour atterrir dans les bas fonds de New-York et s’y démener grâce à un sang froid remarquable.

En parallèle de ces rencontres, un jeune homme séduisant parvient à briser la glace et à pénétrer dans le quotidien d’Annie. Cela ne va pas sans difficulté, la libraire s’étant armée d’une carapace destinée à masquer son manque de confiance en soi. Le bonheur est au bout de cette rencontre. Cela paraît presque trop beau.

Le récit s’emballe grâce aux talents de conteur de R.J. Ellory, qui entraîne ses lecteurs dans cinquante-six ans d’histoire de New-York. Un récit passionnant dont il est difficile d’abandonner la lecture avant d’avoir tourné la dernière page.

Conseil : ne lisez-pas la quatrième de couverture de ce roman fleuve, elle donne en effet une image déformée de ce qui s’y déroule. Suite à une fièvre foudroyante les neuf dixièmes de la population mondiale ont disparu, laissant les survivants ayant échappés aux conséquences de cette crise (famine, centrales nucléaires, conflits et barbarie) survivre dans un univers dépeuplé et violent, similaire à celui de Mad-Max. Attaqué par une horde de chiens devenus sauvages, Nicolas sauve son père, en tirant sur les bêtes. Il découvre par la même occasion la nécessité de devenir le protecteur de son géniteur, Willem. Cela ne sera qu’un début. Au fil du temps Nicolas, devenu furieux de cette responsabilité  qui d’adolescent le transforme rapidement en adulte, n’aura de cesse de protéger son père visionnaire.

C'est l'histoire de David contre Goliath. Si on ne savait pas Jean-Bernard Pouy athé jusqu'à la moëlle, on pourrait imaginer ce combat biblique comme étant la quête de cet anarchiste libertaire, sa thématique récurrente.

Ici Goliath est représenté par l'industrie du BTP, plus précisémént l'entreprise Valter & Frères, qui s'apprête à construire la plateforme multimodale, d'engranger les millions d'euros inhérents à ce projet, d'exproprier les petits vieux et de noyer toutes les espèces de crapauds du périmètre sous des tonnes et des tonnes de béton.

David, le petit, c'est un capharnaum de zadistes, une bande de copains et de résistants, allant des quelques fermiers en voie d'expropriation, aux plus aguerris des combattants que sont les militants black blocs et no border, en passant par tout un petit monde  sincère et naïf, bienveillant, volontaire et contestataire.

Dans une petite ville de Géorgie, aux Etats-Unis peu avant la seconde guerre mondiale, une fillette est sauvagement assassinée. Quelques temps plus tard une deuxième jeune fille est retrouvée morte, puis une troisième. La peur s’empare des villageois. Joseph Vaughan, jeune adolescent, décide de réagir. Entouré de ses camarades de classe, courageux, ils formulent le serment de protéger leurs camarades, et partent en quête de l’assassin.

Perdu dans sa folie, Vin, disons Condor, cet ancien agent secret, n’est même plus l’ombre de lui-même. Il tourne en rond dans les arcanes de son cerveau, démoli, ralenti. Passé oublié, anéanti, présent tortueux, douloureux, et sous surveillance de deux agents de la CIA

« Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil ? » Cette parabole racontée par Mathieu n’interpelle aucunement les nazis, qui ont décidé d’allumer un contre feu. Au lendemain de la bataille de Stalingrad, et à la veille de celle très décisive de Koursk, des débris humains ont été découverts dans la forêt de Katyn, qui borde Smolensk, encore occupée par les troupes de la Wehrmacht. S’il s’agit de corps de Juifs éliminés par les Allemands, ceux-ci devront rapidement camoufler la trouvaille.