L'année du lion - Deon Meyer
Auteur : François
Conseil : ne lisez-pas la quatrième de couverture de ce roman fleuve, elle donne en effet une image déformée de ce qui s’y déroule. Suite à une fièvre foudroyante les neuf dixièmes de la population mondiale ont disparu, laissant les survivants ayant échappés aux conséquences de cette crise (famine, centrales nucléaires, conflits et barbarie) survivre dans un univers dépeuplé et violent, similaire à celui de Mad-Max. Attaqué par une horde de chiens devenus sauvages, Nicolas sauve son père, en tirant sur les bêtes. Il découvre par la même occasion la nécessité de devenir le protecteur de son géniteur, Willem. Cela ne sera qu’un début. Au fil du temps Nicolas, devenu furieux de cette responsabilité qui d’adolescent le transforme rapidement en adulte, n’aura de cesse de protéger son père visionnaire.
En effet Willem est porté par une vision salutaire. Celle de fonder une colonie de rescapés, dont la principale mission serait de rebâtir une humanité. Le père et le fils ayant identifié l’endroit géographique idéal pour ce nouveau départ, parviennent à y réunir un petit groupe, grossissant au fil du temps, et s’organisant en micro société, avec son conseil des sages, ses ingénieurs, ses agriculteurs, et ses soldats. Ainsi que son prêtre, qui transcende la fonction du sacré, pour le meilleur et pour le pire de cette jeune communauté qui s’est donnée le nom d’Amanzi. La notion de protection face aux menaces extérieures est inéluctable. Malgré les réticences de Willem, apôtre de la bienveillance, Domingo, forte personnalité au tempérament guerrier prend les rênes de la petite armée chargée de défendre Amanzi.
Tout au long de ces 625 pages, Deon Meyer retrace l’aventure de la civilisation, en y dépeignant des moments de bonheur, d’espoir intense, de déceptions nombreuses et de désolations. Il y croque littéralement la nature humaine, sans compromis ni facilité. « Nous sommes des animaux. Des animaux sociaux domestiqués. Avec une mince couche de civilisation. Des créatures dociles quand tout va bien, quand les conditions sociales demeurent normales et paisibles. Mais si on perturbe ces conditions, la couche s’efface. Alors on devient sauvages ; on devient des prédateurs, des tueurs et on chasse en meutes. » De quoi faire réfléchir lorsque l’on remet ces phrases dans notre contexte actuel.
La communauté s’agrandit par des arrivées continuelles et aussi par les premières naissances. Une école est mise en place pour l’instruction des jeunes. Les maisons sont distribuées. L’électricité est remise en route, grâce à la proximité d’un immense barrage, grâce aussi aux connaissances et au labeur de tous. Une guerre va survenir, car la sauvagerie et la cupidité se sont développées hors des frontières d’Amanzi. Loin de ses habituels romans policiers, Deon Meyer entraine ici ses lecteurs, vers une formidable épopée, glorifiant la capacité humaine à établir des constructions sociales, magnifiant sa résilience, et soulignant la capacité des humains à collaborer ensemble. Ses personnages de fiction, nombreux, prennent vie d’une manière addictive et émouvante. Un livre étonnant, dont il est très difficile de rompre le lien une fois la dernière page tournée. Bravo monsieur Meyer. Nous vous attendons à Pau, le 5 octobre avec impatience.