La mort muette - Volker Kutscher
Auteur : François
A Berlin, premier trimestre 1930, le cinéma entame une mutation révolutionnaire. Producteurs, réalisateurs, propriétaires de cinémas et acteurs voient le champ des possibles se démultiplier, ou perçoivent la fin d'un monde, la disparition d'un art. Le passage du cinéma muet à l'enregistrement des sons bouleverse toute une profession. Les business plans sont à réinventer. Les actrices aux voies insupportables tombent de leur piédestal. Les défis technologiques se démultiplient.
Au cours des dernières prises de son premier film parlant, Orage amoureux ,celle qui se trouve à l'aube de percer, Betty Winter, est violemment percutée par la chute d'un projecteur. Elle meurt quelques instants plus tard. Accident ou meurtre ? L'inspecteur Gereon Rath est envoyé sur la scène pour enquêter. A première vue l'actrice n'est pas une victime comme les autres. L'affaire ressemble à un sabotage. Un homme est rapidement suspecté. L'ensemble des forces de police, accompagné d'une meute de journalistes, entame une chasse à l'homme.
Les rapports exécrables qu'entretien Rath avec sa hiérarchie, et notamment le colérique inspecteur principal Bohm, vont nuire au bon déroulé de l'enquête. Il est reproché au jeune inspecteur son incapacité à travailler en équipe. Celle ci le conduit vers des situations parfois comiques, souvent compromettantes et toujours embarrassantes. Quand deux autres actrices trouvent la mort, les responsables de la police n'ont qu'une phobie : celle du tueur en série. Ils feront tout pour éviter que l'info transpire, que la panique gagne la ville.
Ce roman noir est long. Le rythme est progressif, lent et détaillé. Il passionnera les mordus du cinéma d'avant guerre. Volker Kutscher plonge le lecteur au cœur des studios de réalisation. Les microphones, les bobines, les décors sublimes, tout y est. Ainsi que les difficultés financières des réalisateurs. Autre particularité de cet ouvrage : le Berlin des années trente. Sur fond de monté du nazisme, de pugilats entre les rouges et les nationaux-socialistes, la capitale allemande d'avant crise connaît ses dernières heures de répit. Les nostalgiques se laisseront guidés sur la pointe nord de la Spreeinsel, vers l'île aux Musées, ou feront une ballade jusqu'à la tour hertzienne. Ils emprunteront l'Avus, la première autoroute du monde, pour filer à toute vitesse jusqu'à Wannsee.