Avr
09

La Tristesse du Samouraï - Victor del Arbol


Auteur : François

La Tristesse du Samouraï - Victor del Arbol

Lorsqu’Isabel se retrouve sur le quai de la gare, en cet hiver 1941, la guerre civile espagnole s’achève. Il y a les vainqueurs, arrogants et menaçants d’un côté, et les perdants, affaiblis et apeurés de l’autre. Mais cette femme, élégante, qui fuit son foyer, appartient à la caste dominante. Elle emmène avec elle son petit garçon, abandonnant à son père l’ainé, adolescent, qu’elle estime suffisamment mur pour se sortir des griffes paternelles. Isabel n’atteindra jamais sa destination. Le petit Andrès sera quant à lui ramené à son père après avoir été attendri par la promesse d’un cadeau merveilleux : un sabre de samouraï.

Quarante ans plus tard un policier est jugé et condamné pour une énorme bavure. Il a quasiment laissé pour mort un homme après l’avoir tabassé. L’avocate de la défense après un brillant procès se couvre des lauriers de la gloire. A son insu elle déclenche un mécanisme de vengeance, tissé depuis plusieurs décennies, et qui va libérer un flot de haine et de violence contenu depuis cette époque.

Entrecoupant le récit contemporain du début des années 80 de flash backs ramenant à l’époque de l’après-guerre espagnole et du régime franquiste, Victor del Arbol nous plonge dans une saga familiale où les générations d’aujourd’hui portent lourdement les conséquences des actes de leurs ainés. Pour citer l’auteur : « Etrange façon de comprendre la justice, certes. Mais elle a un sens : les erreurs des parents se retrouvent chez les enfants. Les culpabilités aussi. Toi et moi, Maria, nous avons détruit la vie de cette famille…Mais nous pouvons encore intervenir et modifier quelque chose pour boucler la boucle. »

L’auteur dresse un tableau passionnant de ces décennies espagnoles. La dictature, les puissants qui décident, le goût du pouvoir, les rapports de castes … Ses personnages sont brillamment construits et ils inspirent au lecteur toute la panoplie des sentiments qu’ils déploient dans l’histoire. La violence de certaines scènes n’atténue en rien l’engouement du lecteur, qui, pris dans ce siphon tourbillonnant, se laisse entrainer dans les méandres de cette histoire passionnante.