On ne joue pas avec la mort - Emily St John Mandel
Auteur : Christian
"On ne joue pas avec la mort" de Emily St John Mandel chez Rivages ( titre original : The Singer's Gun).
Après "Last Night in Montréal" publié aussi chez Rivages (qui sort en poche aussi cette fin de mois), Emily revient avec un thriller très New-yorkais.
Anton Waker, le héros, aurait sans doute fait une très brillante carrière, un magnifique mariage et passé une lune de miel idyllique sur l'île d'Ischia si à moment donné l’horizon n’avait pas commencé à se voiler mettant un peu d’ombre dans son existence. Sa mise au placard soudaine suite à un marché classé « défense » qu’il vient d’emporter avec son équipe perturbe quelque peu les préparatifs de son mariage avec Sophie.
Anton a grandi blanc du mauvais côté du fleuve à New-York ; en passant le Williamsburg Bridge ; et il a juste le besoin de réaliser « son rêve » : faire autre chose que ses parents sur un quai près de East River, autre chose que sa cousine Aria qui a depuis longtemps passé la ligne rouge du code des lois. Anton se rêve jeune cadre qui réussit, se voit entouré par une belle famille, s’imagine posséder un appartement à Manhattan : être un homme « normal » au pays du rêve américain
Ma lecture :
C’est un roman de personnages sur fond d'enquête policière, un vrai thriller « opéra » !.
Ouverture ? Cinq pages de préambule où tout se dessine et puis… action. Île d’Ischia, golfe de Naples, voyage de noces hors saison pour Sophie et Anton dans un petit hôtel. Ce sont des séquences en plans fixes où les acteurs se meuvent dans un décors très dessiné. Les dialogues s’échappent des images et finissent par créer une scène dans la scène.
Très souvent en lisant on imagine des images comme dans un film avec des travellings et de la musique ; là je suis resté comme au théâtre, à l’opéra, spectateur captivé par un décors et le son des mots.
J'ai aimé Miriam, la mère d'Anton qui est omniprésente, tout comme New-York dans le roman, même lorsque l'on est dans le golfe de Naples ; le père Samuel : quasi invisible est pourtant l’indispensable passeur ; Aria la cousine infernale matinée Caraïbe totalement à l’opposé des conventions sociales ; enfin j'ai adopté Anton, le héro, qui veut jusqu'à la fin être un être normal dans un monde dit "normal".
Pour cela il va décider de risquer sa peau par fidélité à ce qu’il "est" (le cousin d’Aria)parce qu’il est né ainsi (sur un mauvais quai de New York) et jouer un "poker gagnant contre poker menteur ".
Anton ne vacille jamais, il semble même parfois lunaire dans sa perspicacité à décrypter le moment présent et sa façon de vaincre l’impossible.
Et puis, il y a Broden. Ce personnage apparaît régulièrement et de loin de préférence non pas comme un narrateur mais plutôt comme le maître du jeu de l’intrigue. Elle est un peu comme un leitmotiv musical qui, quoiqu’il se passe, nous rappelle que le sujet essentiel n’est pas là mais bien ailleurs cf : l’ouverture. Je l’imagine châtain mais avec des sourcils bruns, une coupe au carré ; quadra élégante qui porte des lentilles et déteste le café emballé dans du plastique mais aussi les sacs à mains… allez savoir pourquoi ; Alexandra Broden : inspecteur qui ouvre le roman et qui à en charge une affaire étrange…elle ne va jamais perdre le fil de son histoire dans cette histoire qui va forcément devenir la notre. Mais il y a un risque pour elle… : Dernier acte : à Ischia, dernière scène : des parasols plein soleil et soudain un chapeau de paille.
J’ai vraiment aimé : le roman, le polar dans le roman, les décors et New York en particulier, les personnages, disons les acteurs. Un thriller opéra passionnant. Je sais je l’ai déjà dit. Mais faut que j’en revienne.