Mar
21

Toutes les vagues de l'ocean - Victor del Arbol


Auteur : François

Toutes les vagues de l'ocean - Victor del Arbol

Depuis l’assassinat de son fils, Laura, flic à la dérive, est entrainée dans une spirale destructrice. La poursuite du meurtrier présumé, un mafieux Russe, hante ses journées, la ronge de l’intérieur et transforme son quotidien en enfer malsain et déprimant. Lorsque Zinoviev est retrouvé mort après avoir succombé à d’atroces tortures, l’affaire est entendue. La police classe d’autant plus vite le dossier, que la jeune femme se tire une balle dans l’estomac quelques jours plus tard. Cependant Gonzalo, le frère de Laura ne comprend pas ce geste. Il refuse l’évidence. Ce brave type qui accepte les règles de la société, dont l’inquiétude prend forme au travers de chaque petit truc de la vie quotidienne, et qui rêve si fort de devenir comme son père, décide de partir en quête de la vérité.

C’est ainsi que le thème principal de ce roman, la vérité, envoi le lecteur dans l’Histoire. Tous les personnages de Victor del Arbol naissent du passé. Duquel surgit la figure du père. Celui de Laura et Gonzalo. Elias.  Héro communiste Espagnol, qui voulait engloutir le monde  et qui s’est lui-même fait engloutir par ce XXème siècle. Cependant Gonzalo ne connait rien de l’histoire de son père, qui a disparu alors que le futur avocat n’avait que 4 ans. Il a grandi aux côté d’une image d’Epinal du héros. Par exemple il sait qu’il aimait aller pêcher à pied avec son père, mais comme il était trop jeune, ce souvenir se révèle être fabriqué par les pensées de sa mère.

Celle-ci s’évapore progressivement, laissant à Laura, personnage merveilleux,  le rôle de maman pour Gonzalo. Leurs chemins vont ensuite se séparer. A la mort de sa sœur ainée cela fera  10 ans qu’ils ne s’étaient pas vus. Au fur et à mesure que le roman avance, Laura, qui disparait au tout début, prend corps, grâce aux personnages du roman qui lui apportent sa véritable identité à la fin du roman. Elle incarne d’abord cette inspectrice qui enquête sur les réseaux pédophiles. Son responsable, Alcazar, ancien policier franquiste, va fournir certaines clés qui favorisent les passages du présent au passé. Ces passages ne sont pas construits par un architecte, l’auteur affirmant « qu’ils lui viennent naturellement. Ce sont mes personnages qui me guident. »

Le père, Elias, représente le héros mythique qui incarne les valeurs souhaitables de la société. Alors que Laura est l’héroïne, le pivot de l’histoire, autour de laquelle tous les protagonistes fonctionnent.  Au travers des souffrances et de l’amour que ressentent et véhiculent ses personnages, Victor del Arbol explique sa vision de l’humanité sans juger personne. Igor, figure inquiétante qui s’oppose à Elias, n’est pas qu’un monstre. Il fascine, il est logique. Sa vision de la vie ressemble à un incessant combat. Il se vit comme un loup, se comporte comme un sauvage. Cependant même les sauvages ont leurs règles, qu’il ne faut pas trahir. Igor pense que la politique procure à Elias une façon d’afficher ses bons sentiments, mais qu’au fond il est aussi cruel que lui. Il attend qu’Elias le lui montre.

Dans son ancien métier de policier ce que Victor del Arbol a vécu de plus difficile étaient les délits relatifs aux enfants. D’où son questionnement autour du fait que les monstres d’aujourd’hui ont été des enfants. Toutes les vagues de l’océan est son livre le plus personnel. Sa littérature n’est pas narration mais exploration. Elle part de lui-même. En conclusion ce livre se veut également une critique féroce de toute forme de totalitarisme. « Ce ne sont pas les utopies qui sont mauvaises mais les hommes qui les trahissent », indique Victor.